Le Centre National d’Appui à la qualité de vie des étudiant·e·s en santé s’est imposé comme une évidence, devant la grande lacune des formations aux métiers du soin : l’accompagnement. En effet, on ne compte plus les témoignages, enfin visibles, de nos collègues qui traversent les hôpitaux pour y apprendre leur futur métier : de l’émerveillement à la sidération, du meilleur au pire, de l’épanouissement d’avoir trouvé sa voie aux doutes dévorants où l’on se demande ce qu’on peut bien faire là.

Depuis 2017, les enquêtes sur le bien-être, proposées par les structures de jeunes et futur·e·s soignant·e·s se multiplient (ANEMF-ISNI-ISNAR-JeunesMédecins, FNESI, ANESF, FNEK…). Le constat est unanime : dans chaque filière, les étudiant·e·s en santé sont exposé·e·s à un stress, une anxiété, des éléments dépressifs ou d’épuisement professionnel supérieurs à la population française de même âge. Ils présentent une précarité préoccupante. Les taux de maltraitances rapportées, de sexisme ou de harcèlement sont loin d’être négligeables. Il existe un risque de suicide important. Enfin, sur le plan universitaire, les difficultés sont également nombreuses, car ces étudiant·e·s sont également des professionnel·le·s en formation, cumulant des études exigeantes et l’apprentissage d’un métier au cœur des souffrances et de la vie humaines. Jusqu’à présent, les initiatives d’accompagnement étaient disparates, inhomogènes et, à certains endroits, inexistantes. Le tabou a alors été brisé.

Accompagner, ce n’est pas “simplement” empêcher le pire. C’est aussi adopter une politique de prévention, de réflexion autour de l’aménagement pédagogique des cursus, de dialogue entre étudiant·e·s, enseignant·e·s, et institutions. C’est développer la transdisciplinarité, partager les travaux qui nous rassemblent, affronter les doutes communs, dépasser les difficultés inhérentes aux métiers du soin, et trouver sa manière de s’épanouir personnellement et professionnellement. Cette réflexivité ne saurait être que purement intellectuelle. Avec la mise en place du CNA, elle est d’ores et déjà effective.

Le CNA, mesure phare du rapport de Donata Marra sur la qualité de vie des étudiant·e·s en santé, est la première étape vers une véritable culture de l’accompagnement de ces étudiant·e·s tout au long de leur formation. C’est l’assurance d’un réseau de qualité, doté d’une réelle expertise et de valeurs humaines : professionnalisme, gratuité, service public, interprofessionnalité, intégrité, éthique, fondements scientifiques, accessibilité, équité… C’est une ressource nationale pour impulser au niveau local une considération des aspects jusqu’alors désinvestis de la formation des futur·e·s soignant·e·s, en créant notamment des structures d’accompagnement dans les institutions de formation, en développant les initiatives locales ou régionales, en stimulant l’émergence et le maintien d’une attention bienveillante aux étudiant·e·s en santé que l’on forme en France.

Les étudiant·e·s appartenant aux différentes structures représentatives veilleront à maintenir cet esprit intrinsèque au CNA, en rapportant du terrain l’expertise du vécu étudiant des différentes filières, dans un esprit de partage interdisciplinaire fondamental. Eléments clés du fonctionnement triptyque du CNA (étudiant·e·s – enseignant·e·s – expert·e·s), leur apport est d’égale valeur à celle des autres membres des comités du CNA. La question de l’accompagnement et du bien-être des étudiant·e·s en santé nous rassemble tous, quelle que soit notre formation d’origine. Le CNA, notamment propulsé par les étudiant·e·s en santé, n’en est que la parfaite démonstration.

L’importance de la question du bien-être des étudiant·e·s est indiscutable. Elle nécessitait une réponse claire des ministères de la santé et de l’enseignement supérieur. Ceux-ci se sont donc engagés à ce que, pour la première fois, une entité publique et désintéressée assure cette tâche de promotion, d’expertise et d’accompagnement à la qualité de vie des étudiant·e·s en santé en France.  Seules l’intégrité, l’ouverture et la qualité du CNA, permettant l’implication directe des étudiant·e·s dans les prises de décisions et les projets (formation, séminaires, réseaux, études scientifiques…) peuvent être garantes d’un accompagnement humain pour les soignant·e·s de demain.

– Les étudiant·e·s du comité de direction du CNA –

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