Paris le 14 avril 2020

Ouvrir le site du CNA en pleine crise sanitaire, après l’avoir attendu, longtemps, en souhaitant qu’il soit utile aux étudiants et aux enseignants relève d’un véritable défi.

La création du CNA fut un défi bien plus grand encore.

Le rapport sur la qualité de vie des étudiants en santé (QVES) soulignait un fait majeur, le retard de la France dans ce domaine :  la connaissance limitée sur les causes du mal-être des étudiants en santé, sur les interventions permettant d’améliorer cette QVES, et globalement le peu d’échanges sur le sujet sont flagrants.

Que ceux, nombreux, qui doutent qu’il s’agisse d’un « vrai » problème, multi-étiologique pour ne pas dire systémique, prennent ne serait-ce qu’une fois, le temps de lire la littérature internationale sur ce sujet pour en découvrir l’ampleur.

Oui, il y a des spécificités dans les interventions à mettre en place pour les étudiants en santé, qui ne sont ni celles pour les professionnels seniors (même si les difficultés de ces derniers ont des répercussions indéniables sur les étudiants), ni celles des étudiants d’autres formations. Il s’agit des jeunes, des futurs soignants. Se préoccuper d’eux n’est pas exclusif, et il faut souligner l’absolue nécessité, mise en évidence de manière ô combien dramatique ces derniers temps, de prendre en compte, réellement, totalement, les difficultés des soignants seniors.

Il n’y a de place, ni en temps de crise, ni hors crise, pour ce qui divise les générations.

Tous les pays, tous les systèmes de formations en santé sont concernés par les difficultés de leurs étudiants. Il existe bien des particularités inhérentes aux étudiants en santé, à leurs formations et à leurs futurs métiers dont on oublie trop souvent à quel point ils peuvent être éprouvants pour les êtres humains que nous sommes.

Le Comité de direction, les différentes expertises et structures réunies dans le Comité plénier, et les membres du CNA ont souhaité nourrir une réflexion qui dépasse largement une psychiatrisation à outrance des problématiques des étudiants et des interventions proposées. Cela ne signifie pas que la question de la prévention du suicide des étudiants ne soit pas une préoccupation primordiale, bien au contraire, mais les domaines de réflexion et d’interventions dépassent largement les aspects psychiatriques. C’est la raison pour laquelle les 15 engagements interministériels relèvent d’une approche pluridisciplinaire, de la sociologie à la psycho-neuro-pédagogie. Le CNA a pour mission d’être le centre de ressources qui coordonne leur mise en place et propose des interventions.

Cette exigence de transversalité « par le passé » n’a pas toujours été un atout, bien au contraire. Pourtant, tous les intervenants de terrain auprès des étudiants savent à quel point elle est essentielle, vitale et le prix à payer pour réussir. Un rattachement ministériel bicéphale, Ministère de la Santé et de la Solidarité et Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, ne serait pas aux yeux de certains, un cadre facilitant son fonctionnement. Cependant les formations en santé pratiquent cet exercice depuis des décennies.  

« Le monde d’aujourd’hui » et « le monde d’après la crise » sauront-ils favoriser ces champs d’interventions pluridisciplinaires et pluriprofessionnels ?

Les temps difficiles que nous vivons obligent à ouvrir grand la porte, sans retenue, aux innovations qui font sens sur le terrain.

Alors, pour conclure, je souhaiterais m’adresser :

A tous ceux, étudiants, enseignants, intervenants auprès des étudiants en santé qui sont « au front » de cette pandémie,

A tous ceux qui ne peuvent y être, quelle qu’en soit la raison et qui se culpabilisent de ne pas y être,

A tous ceux qui tentent avec difficulté de poursuivre leur formation malgré des conditions sociales et pédagogiques extrêmement difficiles,

A tous ceux que cette crise confortera dans leur projet professionnel des métiers de la santé,

A tous ceux qui avaient des doutes ou qui auront des doutes quant à leur projet professionnel,

A tous ceux qui s’élèvent contre la marchandisation du mal-être des étudiants en santé et des soignants qui explose en ce temps de crise, en prenant les habits et le masque d’associations de bienfaisance,

Prenez soin de vous et n’oubliez pas que la diversité des êtres humains et des formations est une richesse vitale pour la société.

Nous souhaitons que ce site du CNA puisse vous servir, en fournissant une base solide permettant de diffuser, de former et d’échanger sur les interventions nécessaires afin d’améliorer la QVES sur le territoire national.

D’autres étudiants sans distinction de disciplines pourront également y trouver des éléments afin d’améliorer leur qualité de vie.

A vous, Monsieur le Ministre chargé de la Santé, et à vous Madame la Ministre chargée de l’Enseignement supérieur, au nom du Comité de direction du CNA,

Nos remerciements les plus sincères de soutenir ce qui n’existe pas ailleurs, une structure nationale réunissant des étudiants, des enseignants et des experts, avec un même objectif d’amélioration de la QVES et la richesse que cela représente.

La crise que nous traversons impose de réussir ce défi.

Nous avons besoin de vous pour cela.

« Il est (encore) temps d’intervenir, pour les étudiants, pour les soignants et pour les patients ».

Merci.

Donata Marra

Présidente du Centre national d’appui pour favoriser la qualité de vie des étudiants en santé.

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